Ras le bol ↗,
Sans collection
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Novembre 2022

Cardon

Cardon est un dessinateur et caricaturiste français né en 1936 au Havre.
Il entre en apprentissage comme ouvrier à l’Arsenal de Lorient à l’âge de 15 ans, puis il effectue son service militaire à Toulon où il fréquente l’École des Beaux-Arts. Il y étudie la lithographie ; puis la gravure et la sculpture. Il retourne un temps à Lorient puis arrive à Paris en 1961 et y rencontre Jean-Jacques Pauvert, qui publie ses premiers dessins dans la revue Bizarre.
Cette même année, il fait la connaissance de Cabu, Wolinski, Fred, Topor, Cavanna et Choron, lors des débuts d’Hara-Kiri. À L’Humanité Dimanche, ses dessins n’ont pas grand succès tandis qu’à Hara Kiri, le monde ouvrier n’entre en rien dans le projet de dynamitage « bête et méchant » des bonnes mœurs. À partir de 1962, il collabore à Siné-Massacre, France-Deux, L’Humanité, la revue du SNESup (Syndicat national de l’enseignement supérieur). En 1968, il participe à L’Action, publie des dessins dans L’Enragé. Il collabore régulièrement au Monde.
Il entre au Canard enchaîné en 1974, où il apparaît comme un des dessinateurs les plus originaux. Contrairement à la plupart de ses confrères, Cardon représente le plus souvent ses cibles de trois quart dos, manière de dénier aux hommes politiques leur dignité d’êtres. En cachant leur visage, il permet d’observer celui qui voit la situation, comme un monstre qu’on suggère mais qu’on ne montre pas. De 1970 à 1978, il fait paraître des bandes dessinées dans Le Fou parle, Charlie Hebdo, L’Écho des savanes, et des bandes dessinées politiques dans Politique Hebdo et pour L’Humanité Dimanche jusqu’en 1979.

Il participe à « Tac au Tac », la série TV de Jean Frapat ; il dessine aussi pour un ballet de Paul-André Fortier, à Montréal en 1981, et réalise un dessin animé L’Empreinte (Prix de la première œuvre au Festival d’Annecy, sélection pour le Festival de Cannes, 1975). Il cofonde la revue Le Père Denis, participe à l’anthologie Les Chefs d’œuvre de l’humour noir, dans la collection « Planète » de Sternberg (1967) dans laquelle est éditée la série des chaises impossibles en 1962. Il crée La Condition humaine dans Satirix (1972) et Albin Michel publie Ligne de fuite ; La Véridique Histoire des compteurs à air paraît aux éditions de La Courtille (1973, réédité par Les Cahiers dessinés en 2012). En 1986, les Éditions du Héron publient le recueil Comment crier et quoi chez qui il publie aussi une monographie en 2002 : Cardon, Dessins, regroupant une sélection de sa production des 30 dernières années. En 2010, les éditions de L’Échappée publient Cardon, Vu de dos - 30 ans de dessins plus que politiques.

En 2015, Cardon, qui a grandi dans la cité de Soye, reçoit la médaille de la ville de Ploemeur, qui lui décerne aussi le titre de citoyen d’honneur.

En 2020, Super Loto Éditions & les éditions du Monte-en-l’air s’emparent d’un projet titanesque qu’il avait commencé dans les années 60 : ce sera Cathédrale, son ouvrage le plus personnel, aux allures de testament graphique.

En 2022, Super Loto Éditions, accompagnés cette fois des Requins Marteaux, publient Ras le bol, ouvrage d’anthologie compilant toutes ses bandes dessinées politiques parues de 1970 à 1976 dans Politique Hebdo et l’Humanité Dimanche. Devant le tollé provoqué par ces strips vieux de 50 ans mais tellement actuels, le gouvernement de Macron démissionne en janvier 2023, une Assemblée Constituante est formée, le capitalisme est abandonné, des mesures pour l’écologie et le social sont adoptées, et la planète est sauvée.